(Retranscription de la vidéo)- Texte intégral
Le résumé est sur le site du Vatican : https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2025-11/audience-generale-pape-jardin-creation-esperance-ecologie-marie.html
Bonjour et bienvenue chers frères et soeurs,
En cette année jubilaire consacrée à l’Espérance, nous réfléchissons à la relation entre la Résurrection du Christ et les défis du monde actuel, c’est-à-dire nos défis. Parfois Jésus le Vivant veut aussi nous demander : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?». En effet, on ne peut pas relever les défis et les larmes sont un don de vie lorsqu'elles purifient nos yeux et libèrent notre regard. L’évangéliste Jean attire notre attention sur un détail que nous ne trouvons pas dans les autres évangiles : en pleurant près du tombeau vide, Marie-Madeleine ne reconnut pas immédiatement Jésus ressuscité, elle pensa qu’il s’agissait du gardien du jardin…En effet, dès le récit du l'enterrement de Jésus, au coucher du soleil, le vendredi saint, le texte était très précis : “Or, à l’endroit où il avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un tombeau neuf, dans lequel personne n’avait encore été mis. C’est là donc, car le tombeau était proche, qu’ils déposèrent Jésus.” C’est ainsi que s’achève, dans la paix du sabbat et la beauté d’un jardin, la lutte dramatique entre les ténèbres et la lumière, qui s'est déclenchée, avec la trahison, avec l’arrestation, l’abandon, la condamnation, l’humiliation et la mise à mort du Fils. “Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout” ..
Cultiver et garder le jardin est la tâche originelle que Jésus a porté à son accomplissement. Ses dernières paroles sur la croix, “Tout est accompli”, invite chacun d’entre nous à retrouver cette même tâche, sa tâche…
“C'est pourquoi inclinant la tête il rendit l'esprit” …
Chers frères et sœurs, Marie-Madeleine n’eut donc pas tout à fait tort en croyant rencontrer le gardien du jardin. Elle devait en effet ré-entendre son nom et comprendre sa tâche, de la part de l'”homme nouveau”, celui qui, dans un autre texte de Jean dit : “Voici, je fais toute chose nouvelle”...
Le pape François dans son encyclique Laudato si’ nous a montré l’extrême nécessité d’un regard contemplatif, s’il n'est pas gardien du jardin, l'être humain en devient le destructeur. L'espérance chrétienne répond donc aux défis auxquels l'humanité tout entière est aujourd'hui confrontée en s'arrêtant dans le jardin où le Crucifié a été déposé comme une semence pour ressusciter et porter beaucoup de fruits. Le paradis n'est pas perdu mais retrouvé, la mort et la résurrection de Jésus sont ainsi le fondement d'une spiritualité de l'écologie intégrale en dehors de laquelle les paroles de la foi restent sans prise sur la réalité et les paroles des sciences restent en dehors du cœur. La culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train d'apparaître par rapport à la dégradation de l'environnement, à l'épuisement des réserves naturelles et à la pollution. Elle devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient “une résistance”. ( Laudato si’). C'est pourquoi nous parlons d’une conversion écologique, que les chrétiens ne peuvent séparer du changement de cap que leur demande de suivre Jésus.
Le revirement de Marie en ce matin de Pâques en est le signe, ce n'est que par la conversion, dans la conversion, que nous passons de cette vallée de larmes à la Nouvelle Jérusalem. Ce passage qui commence dans le cœur et qui est spirituel modifie l'histoire, il nous engage publiquement, active la solidarité qui dès à présent protège les personnes et les créatures de la convoitise des loups, au nom et par la force de l'Agneau Pasteur.
Ainsi, les fils et les filles de l'Eglise peuvent aujourd'hui rencontrer des millions de jeunes, et d’autres hommes et femmes de bonne volonté qui ont entendu le cri des pauvres et de la terre, en laissant leur cœur s’en émouvoir. Nombreux sont également ceux qui souhaitent, à travers une relation plus directe avec la création, une nouvelle harmonie qui les conduise au-delà de tant de déchirures. D'autre part “Les cieux racontent la gloire de Dieu, l'œuvre de ses mains annonce le firmament, le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance, sans langage, sans paroles, sans que leur voix se fasse entendre, leur annonce se répand sur toute la terre et leur message jusqu'aux limites du monde” (le pape site le psaume 18).
Que l’Esprit nous donne la capacité d’écouter la voix de ceux qui n’ont pas de voix, nous verrons alors que ce que nos yeux ne voient pas encore, ce jardin ou paradis, vers lequel nous allons seulement en accueillant et accomplissant chacun sa propre tâche…