L'extrait d'une lettre de Charles de Foucauld à Marie de Bondy datant du 14 septembre 1904 peut être repris comme une prière du Père de Foucauld, une prière au Créateur et à sa Création :
« Mon créateur, mon Père, mon Bien-Aimé, Vous êtes la beauté suprême, toute beauté créée, beauté de la nature, du ciel au coucher du soleil, de la mer unie comme une glace sous un ciel bleu, des forêts sombres, des jardins fleuris, des montagnes, des grands horizons du désert, des neiges et des glaciers, beauté d’une belle âme se reflétant sur un beau visage, beauté d’une belle action, d’une belle vie, d’une grande âme, toute ces beautés ne sont que les plus pâles reflets de la vôtre, mon Dieu.
Tout ce qui a charmé mes yeux en ce monde n’est que le plus humble reflet de votre beauté infinie... Les yeux que j’ai trouvés les plus doux, les sourires qui m’ont le plus consolé, les êtres qui m’ont le plus ravi, tout cela n’était qu’un peu de votre beauté que vous vous plaisiez à me faire voir, pour qu’en la voyant je me dise : cela vient de Dieu, tout bien vient de Dieu, c’est Lui qui me sourit si doucement [...]: comme Il est bon de me faire cette grâce! [...] Mon Dieu que vous êtes bon de m’avoir montré votre beauté dans les créatures! [...] Mon Dieu faites-moi cette grâce de vous voir en tout bien, toute bonté, toute beauté, qui paraît dans les âmes, dans les créatures...Ô comme on trouve doux d’être non uni mais rapproché pour quelques heures, quelques moments avec une créature aimable, ayant un tout petit peu de votre grâce, de votre beauté, de votre intelligence, de votre bonté, de votre amour... et vous qui avez la perfection, la plénitude de tout cela, de tout y compris l’amour, l’amour de vos pauvres créatures pour lesquelles le Père a donné son Fils unique et le fils son sang... Quel bonheur!... Quel amour, cela contient tout! » Ainsi soit-il.
Dans une autre de ses lettres, alors qu'il s'installe dans son ermitage de l'Assekrem, du 9 juillet 1911, Charles de Foucauld loue à nouveau la beauté de la Création : « La vue est plus belle qu’on ne peut ni le dire ni l’imaginer. Rien ne peut donner une idée de la forêt de pics et d’aiguilles rocheuses qu’on a à ses pieds : c’est une merveille… On ne peut la voir sans penser à Dieu ; j’ai peine à détacher mes yeux de cette vue admirable dont la beauté et l’impression d’infini rapprochent tant du Créateur, en même temps que sa solitude et son aspect sauvage montrent combien on est seul avec lui et combien on n’est qu’une goutte d’eau dans la mer… »
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« Prière d'abandon », commune à toutes celles et ceux qui se réclament du Bienheureux Charles de Foucauld, tirée d'une méditation sur l'Evangile « au sujet des principales vertus » écrite en 1896 (alors qu'il était moine à la Trappe) : prière filiale, d'offrande, de confiance, d'action de grâce et d'abandon, elle montre aussi un désir d'union totale à l'amour du Père qui s'étend à toute la Création, à toutes les créatures :
Mon Père,
Je m'abandonne à toi,
fais de moi ce qu'il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.
Je suis prêt à tout, j'accepte tout.
Pourvu que ta volonté
se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d'autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l'amour de mon cœur,
parce que je t'aime,
et que ce m'est un besoin d'amour
de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.
Sources : commentaire d'Antoine Chatelard, Vie consacrée n°4, juillet 1995.