Laudato si’ me signore …
Loué sois-tu Seigneur, pour nous avoir donné le pape François ! Pour son amour universel, en particulier des plus petits et des plus rejetés : son premier déplacement ne fût-il pas Lampedusa, le lieu où arrivent quantité de migrants, enfin, ceux qui ne meurent pas dans la traversée de la Méditerranée… Il est d’ailleurs aussi frappant, que, sur la Place St Pierre à Rome, au milieu de ce lieu si imposant, si chargé d’histoires, si représentatif aussi d’une église triomphante, il y ait une barque avec des personnes migrantes entassées…comme une plaie, un signe dérangeant, qui nous bouscule toujours et nous questionne … « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Loué sois-tu Seigneur ! Bien sûr, pour l’encyclique Laudato si’ – pour la sauvegarde de la maison commune. La maison commune ! Notre Terre, notre habitat, et l’habitat de tous les êtres vivants avec nous … La planète surexploitée, défigurée, piétinée, pauvre parmi les pauvres…
Loué sois-tu Seigneur ! Tout d’abord, pour la succession apostolique :
En effet, depuis Vatican II, l'Église catholique a progressivement mis l'accent sur la responsabilité humaine envers la Création :
Déjà Paul VI en 1970, dans un discours à la FAO, met en garde contre les conséquences de l'industrialisation sur l'environnement et appelle à un changement radical dans le comportement humain pour préserver l'équilibre écologique.
Jean-Paul II souligne la nécessité de protéger l'environnement comme une obligation morale, appelant à une conversion écologique.
Benoît XVI, surnommé parfois le « pape vert », insiste sur l'interdépendance entre la crise écologique et la crise morale.
Avec Laudato si' , le pape François a formalisé un tournant majeur en intégrant la question écologique dans la doctrine sociale de l'Église. Cette encyclique appelle à une écologie intégrale, reliant les défis environnementaux aux enjeux sociaux, économiques et spirituels, et exhortant à prendre soin de la "maison commune".
Loué sois-tu Seigneur ! L'engagement des papes envers l'écologie, au fil des décennies, reflète à la fois les préoccupations croissantes pour l'environnement et l'évolution de la pensée sociale de l'Église.
Loué sois-tu Seigneur ! Pour ton Esprit-Saint qui irrigue, inspire, renouvelle ton Eglise … dans la continuité !
En mai 2015 donc, tombait comme un fruit mûr ce texte extraordinaire. Combien sommes-nous à avoir ressenti une joie profonde, une jubilation, une unification intérieure à la lecture de ces pages ? Je ne sais… Mais j’en ai rencontré quelques-uns, qui, comme moi, avait jusque-là, d’un côté leur foi chrétienne et de l’autre un amour de la nature, un sens de la contemplation, un désir de mieux protéger la Création… Et c’est le pape lui-même qui venait nous donner en quelque sorte les réponses à nos questionnements ! Mieux, il nous demandait de nous engager dans cette voie, en nous donnant les arguments … oui, et cela fait partie de notre vie chrétienne, nous sommes – nous devrions être – les gardiens de la Création, qui est l’œuvre de Dieu…
Nous fêtons cette année les dix ans de Laudato si’ et nous sommes quelques-uns, oui, à avoir essayé de travailler à l’avènement de cette écologie intégrale. Pas simple ! Car, comme le dit Mgr Eric de Moulins-Beaufort dans son discours de fin de mandat de la Présidence de la Conférence des évêques de France : « …l’écologie n’est pas d’abord ni seulement affaire d’environnement, de préservation de la nature, de lutte contre la pollution. Ma conviction profonde est que le temps est venu pour l’humanité de repenser sa relation à tous les êtres, et cela veut dire pour chacun de nous : sa relation à soi-même, aux autres humains, aux êtres non-humains, à la technique aussi, et plus encore à Dieu.
Il s’agit d’une immense conversion : nous dégager de tout rapport de prédation et de domination, même habité ou habillé de bonnes intentions et de grands sentiments ; avancer résolument dans une autorité dont l’effet unique est de faire grandir autrui (…) et d’agir toujours pour le service d’une vie plus vivante, mieux partagée, davantage source de communion. Car Dieu ne nous a pas créés pour que nous provoquions la mort mais pour que nous cultivions le jardin en vue de la Résurrection.
Jésus est venu pour désarmer toute violence, en nous et dans notre histoire, Non par une force ou une contrainte plus forte, mais par l’attraction de l’amour, par le bouleversement que peut provoquer en nous le don de soi. »
Puissiez-vous être entendu Monseigneur !
Notre pape François est entré dans le repos et la Paix du Seigneur, et nous pouvons maintenant lui demander d’intercéder pour que nous gardions courage, foi, espérance, et surtout patience et bienveillance envers tous, dans tous nos engagements qui sont parfois des combats…
LS 244 : Marchons en chantant ! Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance.
LS 245 : Dieu qui nous appelle à un engagement généreux, et à tout donner, nous offre les forces ainsi que la lumière dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Au cœur de ce monde, le Seigneur de la vie qui nous aime tant, continue d’être présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce qu’il s’est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux chemins. Loué soit-il !
(Finale de Laudato si’)
Bernadette Hautcoeur
Référente diocésaine à l’écologie intégrale
Coordinatrice du Réseau Laudato si’
Diocèse de Cambrai
