« Avec Laudato si’ devenir acteur d’écologie intégrale »
1.Penser en écosystème : tout est lié
Questions à se poser en toute situation :
- Qui sont les acteurs humains et non-humains impliqués ?
- Comment sont-ils interconnectés ? (Dans quels réseaux ?)
- Comment sont-ils pris en considération et consultés ?
Questions en fonction des différentes situations :
- Qui dépend de qui, de quelles autres personnes, groupes, écosystèmes, situations… ?
- Quelle personne/élément a une influence sur quelles autres personnes, groupes, situations, écosystèmes ?
- Quelles sont les responsabilités individuelles ?
- Quelles sont les responsabilités collectives et communautaires ou les coresponsabilités ?
2.La poursuite du Bien Commun
Questions à se poser en toute situation :
- La visée du Bien Commun est-elle intégrée au modèle de développement (intégral de préférence cf. §6) choisi pour tel projet ou gestion de situation ? (si oui comment ? Si non en quoi ?)
- De la poursuite du Bien Commun découle la promotion de la justice sociale. Le projet laisse-t-il leur place aux plus petits et aux plus pauvres ? Sont-ils la mesure de son développement ? Si oui comment ? Si non en quoi ? (depuis LS 2 la planète fait partie de la catégorie des pauvres cf. §3)
- Si non :
- En conséquence, quelles sont les personnes implicitement et injustement privilégiées par tel projet ?
- Quelles sont au contraire celles qui risquent d’en pâtir ? (Autre formulation : Les biens concernés par tel projet seront-ils équitablement distribués ? (principe de destination universelle des biens cf. § 3)
Questions à se poser en fonction des situations :
- La contribution des entités naturelles aux écosystèmes est-elle pensée en synergie et en complémentarité avec celles des populations humaines présentes et actives en un lieu ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Quels sont les biens communs qui sont reconnus en tant que tels ?
- Quels sont les éléments de l’environnement qui sont privatisés ou financiarisés et qui ne devraient pas l’être parce qu’ils sont des biens communs ?
3.La clameur de la terre et la clameur des pauvres (présents et futurs)
Questions à se poser en toute situation :
- Cette action ou situation respecte-t-elle la dignité de la personne humaine et l’intégrité des écosystèmes ? (L’écologie intégrale considère que désormais l’un ne va pas sans l’autre.) Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Qui sont les pauvres en présence ? et qui appelle l’attention prioritaire ? (Inclusivement, dans quelle mesure la planète qui est un pauvre selon LS 2 et 49, fait entendre sa clameur dans la situation envisagée ?)
- Par conséquent, les questions de justice sociale prennent-elles en compte la bonne santé des écosystèmes ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Quelles seront les conséquences de cette action pour la génération à venir et au-delà, en positif , en négatif ?
- Les transformations / destructions écosystémiques actuelles permettront-elles aux générations futures d’avoir de bonnes conditions de vie en ce lieu ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
Questions à se poser en fonction des situations :
- L’idée de porter secours à un environnement naturel maltraité conjointement à des populations oppressées est-elle mentionnée ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
4.Le respect de la dignité de la personne humaine
Questions à se poser en toute situation :
- La vie humaine est-elle préservée dans les choix relatifs à cette situation ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- L’option préférentielle pour les pauvres est-elle appliquée ? (Cf. § 3) Si oui comment ? Si non en quoi ?
Questions à se poser en fonction des situations :
- Le choix et l’aménagement du milieu de vie se fait-il en rapport avec la recherche de la qualité de la santé ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- La famille comme lieu de vie humaine écologique par excellence est-elle protégée ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Les métiers qui sont proposés aux jeunes sont-ils orientés par le respect de la personne humaine et de l’intégrité des écosystèmes ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- La ville est-elle le lieu d’un épanouissement de la personne humaine dans toutes ses dimensions (Dieu, soi, l’autre, les créatures). Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Les familles qui vivent du travail de la terre peuvent-elles vivre dignement ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- L’action envisagée valorise-t-elle la diversité culturelle ou tend-elle à l’uniformisation ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
5.Le rapport au temps
Questions :
- Dans cette situation, les rythmes naturels de renouvellement des ressources et des écosystèmes sont-ils respectés, favorisés ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Quelle vision du bonheur est sous-tendue par le projet ? (consommation de biens matériels ou autre ?)
- Quelles sont les implications à court, moyen et long terme de ce projet ?
- Y a-t-il des processus initiés dans la perspective du Bien Commun et/ou pour une conquête du pouvoir ? Les objectifs de l’action traduisent-ils une perspective électoraliste ou une recherche authentique du bien commun ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Toutes les informations envisagées sont-elles nécessaires ? Privilégient-elles des intérêts particuliers à court terme ou les différentes échelles de temps du bien commun ?
- L’histoire locale est-elle prise en compte ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Comment l’action s’inscrit-elle dans la tension entre la réponse à l’urgence et la prise en compte du long terme ?
6.Le rapport aux limites
Questions :
Limites physiques mesurables en fonction des situations :
- Quelles sont les limites des ressources fossiles et des ressources non-renouvelables (quantités en valeurs absolues) dont il est question dans cette situation ?
- Quelles sont les limites des ressources renouvelables (limitées par la capacité de renouvellement, limites de puissance et d’efficience d’un processus), de capacité portante de tel écosystème dont il est question dans cette situation ?
- Qu’est-ce qui risque d’être détruit de manière irréversible et donc perdu pour la poursuite du Bien Commun ?
- Quels sont les besoins matériels réels des personnes concernées ?
- Quelles sont les valeurs propres intrinsèques des entités naturelles présentes et en jeu dans cette situation ?
Limites non mesurables de la finitude humaine en fonction des situations :
- Quelle volonté de puissance exagérée est exprimée ? / Quelle limitation volontaire est exprimée ?
- Quel refus de la nature humaine est exprimé ? (rapport au transhumanisme) Quelle vision de l’être humain se dessine ?
- Quelles sont les personnes dont le respect est valorisé ?/ bafoué ?
- Quels sont les interdits fondamentaux, les normes et les lois correspondant à cette situation ?
- Quels modes de vie sont favorisés : ultra consommation/gaspillage ? développement durable ou décroissance/sobriété ? (sobriété : moins de biens pour plus de liens)
- Quelles sont les limites des données scientifiques à partir desquelles le projet a été construit ?
7.Le développement intégral
Questions
- Quelles injustices peuvent être identifiées sur le plan de la répartition des ressources ? (en référence avec § 2 et 3)
- Au contraire y a-t-il une juste distribution des biens ?
- Qui sont les financeurs et quel est leur agenda politique ? (quel est leur rapport aux limites ? Recherchent-ils la croissance pour elle-même ?
- économie solidaire ? développement durable ?)
- Le modèle de développement envisagé prend-il en compte l’intégrité des écosystèmes ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Quelles priorités anthropologiques sont manifestées dans la situation ou l’action menée (homme réduit à ses fonctions de producteur-consommateur ou ouverture à une dimension transcendante de notre humanité) ?
- Quelle place est donnée aux loisirs récréatifs ? à la gratuité ? à la contemplation ?
- Quelles sont les possibilités de construction de liens relationnels ?
- Quelle place donnée à la possibilité de vivre des temps gratuits avec autrui ou dans la nature[1] ?
8.La place des sciences et de la technique
Questions :
- La dignité de la personne humaine et la protection des écosystèmes sont-elles garanties par le projet en question ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Les technosciences sont-elles au service de l’écoute de la clameur de la terre ou de l’aggravation de cette même clameur ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Comment la notion de progrès est-elle mise en œuvre dans le projet ? Le projet est-il compatible avec le développement intégral respectueux des capacités de renouvellement des ressources ? (Cf. § 7) Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Le principe de précaution est-il suffisamment mis en œuvre ? (Cf. §5) Si oui comment ? Si non en quoi ?
9.La place de l’éducation à l’écologie intégrale
Questions :
- Le cas envisagé présente-t-il un placage exogène ou centralisé de solutions ou de directives ? Ou prend-il en compte les populations locales concernées par l’action dans l’élaboration des solutions ? Comment ?
- Le sens de l’action envisagée est-il inclus dans l’action et dans la communication que l’on réalise autour d’elle ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- Le sens de l’action écologique est-il inclus dans la démarche normative et dans sa communication auprès des personnes concernées ? Si oui comment ? Si non en quoi ?
- La communication autour d’une action ou d’un projet écologique est-elle claire, loyale et adaptée / sert-elle à faire passer des intérêts privés ?
- Comment les enfants sont-ils sensibilisés ?
10.Éthique des moyens d’action
Questions :
- Les actions engagées visent-elles à établir la paix, fruit de la justice et de la charité ?
- Les moyens mis en œuvre sont-ils cohérents avec la fin recherchée ?
- Le programme est-il appliqué d’en haut (top down ?) ou le concret des réalités locales est-il pris en compte ?
- L’action envisagée fait-elle sens dans la culture (dans la mesure où cette culture n’est pas celle qui est nourrie par le paradigme technocratique) et la cosmologie des populations concernées ?
- Comment la transition des modes de vie est-elle envisagée : rupture abrupte ou progressivité graduelle ?
- Les moyens envisagés sont-ils cohérents avec les moyens de la non-violence ou de la gradualité ? Si oui comment ? Si non, en quoi ?
- Comment les populations peuvent participer à la construction de la décision politique ?
- Quelle est la part de protestation et de pression possible par les populations sur les pouvoirs en place ?