L'urgence écologique - Raphaël Cornu-Thénard

" l’écologie est peut-être la priorité spirituelle de notre temps. Une occasion inédite de remettre le Christ au cœur de nos vies. Nous avons une place prophétique à prendre, tout comme Jonas, sur cette question. N’ayons pas peur !"

Raphaël Cornu-Thénard, est fondateur d’Anuncio, un mouvement d’évangélisation par les jeunes, s’est laissé bousculer par la question écologique depuis peu de temps. Il découvre que, derrière le voile qu’on nomme « écologie », une réalité essentielle et multi-forme. C’est d’abord un lieu de conversion personnelle…

 « Il m’est apparu qu’on ne pouvait pas ne pas s’en préoccuper, ne pas être auprès de ces personnes, comme chrétien et ne pas connaître les enjeux écologiques. En fait la terre va mal, l’urgence climatique n’a jamais été aussi grave et je vois parfois des chrétiens, au service de la planète et du vivant, avec un risque de se paganiser, d’oublier le Christ et de le faire passer au second plan.

J’ai découvert que l’écologie n’est pas d’abord une activité mais un état, comme la mission, comme la charité. Mon rapport à l’environnement est profondément lié mon rapport à Dieu et aux autres. Il n’y a pas de sainteté sans un rapport juste à l’environnement. Mal se comporter envers la création, c’est mal se comporter envers Dieu. Dieu nous a confié la création pour l’administrer avec charité, exercer la charité envers la création. Jean Bastaire dit : « Le consumérisme est aujourd’hui l’ennemi direct de l’Évangile », celui contre lequel les chrétiens doivent mobiliser toute leur foi et toute leur action. Il est l’idolâtrie majeure qui remplace actuellement, dans les supermarchés, le Royaume de Dieu par le royaume du vide ou le royaume du trop-plein. Par l’écologie, j’ai redécouvert la sobriété de vie, qui est une sorte de chasteté à l’égard de toutes choses. On a perdu une forme de chasteté à l’égard de la nature. Nous limiter de façon volontaire dans notre consommation de nourriture, de ressources naturelles, nous limiter dans nos biens matériels (« moins de biens, plus de liens »)…Il s’agit de découvrir une nouvelle forme d’ascèse individuelle et collective et pour y parvenir, on a peut-être à redécouvrir le sens du sacrifice. C’est en contemplant la Croix, pour m’unir au sacrifice du Christ que je redécouvre, que cela me rend capable de sobriété.

Il y a pour moi un lien évident entre écologie et vie chrétienne. En fragilisant mon rapport à la création, je m’apercevais que je fragilisais ma propre foi. C’est la raison pour laquelle l’écologie est peut-être la priorité spirituelle de notre temps. Dans leur déclaration de Venise, en 2002, saint Jean Paul II et Bartholomé Ier disaient déjà : « Il faut une conversion intérieure du cœur qui puisse conduire à un changement de modes de vie et à une modification des schémas inacceptables de consommation et de production. Seule une conversion authentique dans le Christ nous permettra de changer notre façon de penser et d’agir. » Je voyais combien le Christ est au centre de cette démarche écologique et moi, je pouvais le mettre au centre et plus qu’au centre : c’est lui qui me conduisait dans cette démarche de transition écologique.

…si nous nous plaçons avec eux, comme le pape François, dans le prolongement de l’appel de saint François d’Assise, à la suite de Paul VI, Jean Paul II, Benoît XVI, qui nous ont invités sans relâche à un réveil écologique, on peut voir que ce sera une occasion inédite de remettre le Christ au cœur de nos vies. Nous avons une place prophétique à prendre, tout comme Jonas, sur cette question. N’ayons pas peur ! »

Article publié par Réseau Laudato Si' • Publié le Mardi 07 avril 2020 • 856 visites

keyboard_arrow_up