*Directrice du master « économie solidaire et logiques de marché ICP » Chargée de mission « écologie et société » à la Conférence des évêques de France
De la menace à la promesse...
Il y avait une très grande convergence dans les témoignages. Ils ont tous raconté une même expérience : comment une menace fait place à une promesse...
L’EXPÉRIMENTATION
La capacité à se laisser déplacer, Xavier disait de se laisser décentrer, à se laisser bousculer, on a entendu la question de Fabrice, quel type de basculement, de bousculement vous choisissez d’avoir ? Maxime racontait comment il est passé de la pédagogie à la permaculture, des fermes d’avenir à La Bascule, à travers différentes expériences. Martin expliquait comment il est passé de travailleur social à la création de l’APA. Raphaël racontait ses expériences de conversion écologique très récentes mais très radicales...Des expériences très fortes de déplacement, de décentrement, une capacité d’expérimenter, de tâtonner, d’accepter de se tromper, de dire ce n’est pas par ici mais cela permet de voir qu’il faut aller d’un autre côté. Cette capacité d’expérimentation me fait penser à ce mot que le pape François utilise souvent, celui de « processus ». Le Pape dit qu’« il faut initier des processus plutôt que posséder des espaces ». On ne connaît pas le résultat, il n’y a pas de modèle connu d’avance à appliquer, il y a à inventer, à créer, à initier des processus.
Cette idée est aussi très présente dans une expérience beaucoup plus fondamentale, qui a été dite dans les six témoignages : comment une expérience de perte, d’échec, de crise ouvre un nouveau possible. Gauthier disait : La pénurie crée de la coopération. »
- les six témoins nous ont parlé de résurrection : comment des expériences de mort – quand on est capable de les traverser – créent de la vie nouvelle, de nou-veaux possibles.
Nouvelles manières de vivre ensemble : plus de liens, moins de biens
LA COMMUNION
à travers les six témoins, ce sont de nouvelles manières de vivre ensemble, de « faire du commun ».Xavier parler du prochain qui n’est pas seulement la personne à proximité mais les générations futures, les personnes en situation de pauvreté qu’on ne connaît pas mais qui habitent notre planète. C’est la création tout entière et ce prochain qui nous invitent à repenser tous nos modes de vie. C’est ce que présentait fortement Fabrice en interrogeant notre mode d’alimentation, de déplacement, de loisirs et la manière dont ces modes de vie devraient avant tout être choisis en pensant à leur impact sur nos prochains, c’est-à-dire sur tous les autres vivants. On a entendu en termes de relations beaucoup parler d’entraide, de coo-pération et on a souvent entendu cette phrase : « plus de liens et moins de biens ».
Tout ce qui existe dans la création est une empreinte du Père, une trace de Dieu ; à travers la création, c’est Dieu qui se donne à nous d’où l’importance d’entrer en communion avec toute créature, avec toute chose qui existe parce que c’est d’une certaine manière Dieu qui est présent directement. Je cite une phrase : « C’est la capacité de communion de l’homme qui conditionne l’état de la création. »
Joie de la conversion écologique
C’est un mot qui est revenu souvent, parfois directement, parfois avec d’autres ressentis. Autant les témoins ont fait état de la gravité laquelle on est confronté, autant ils ont dit dans leur démarche de conversion que c’était avant tout une source de joie, qu’il y a quelque chose de l’ordre de la joie dans la conversion écologique. La manière dont ils ont parlé de joie me renvoie à l’expérience de l’espérance chrétienne.
Pourquoi ? Lors de la veillée, nous avons entendu cette très belle référence à l’espérance de saint Paul : « voir ce qu’on espère, ce n’est pas espérer ». Ils nous disaient qu’on ne sait pas vers quoi on va, mais on a la joie de le dire. On a la possibilité d’inventer du nouveau qui va nous permettre de vivre mieux ensemble. Pour moi c’est aussi une expérience d’espérance.